Pourquoi la santé mentale c’est plus compliqué avec un TDAH

Des particularités qui persistent à l’âge adulte

Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est un trouble du neurodéveloppement (TND). Il se caractérise par une difficulté à maintenir son attention ou par de l’hyperactivité accompagnée d’impulsivité, ou par tout cela à la fois. On trouve une définition détaillée dans la Classification internationale des maladies, la CIM-11.

La personne avec TDAH, où celle-ci est perçue comme rêveuse, distraite, inattentive. Dans le deuxième profil, la personne est vue comme agitée, agissant de manière précipitée, impatiente. D’autres profils constituent un mélange des deux précédents – ce sont les plus fréquents. 

Les symptômes du TDAH apparaissent dans l’enfance. Le plus souvent, ils persistent à l’âge adulte – ce point fait désormais consensus dans la communauté scientifique. « La présentation clinique peut être différente chez l’adulte, avec des symptômes d’inattention plus importants et des déficits dans les fonctions exécutives entraînant des symptômes. L’impulsivité et les problèmes de régulation émotionnelle pourraient être plus importants que l’hyperactivité ». 

Et le même guide de préciser : « Il est important de reconnaître qu’il existe une proportion importante d’enfants [avec] TDAH qui deviennent des adultes sans ce trouble, ce qui pourrait être lié à la maturation de zones du cerveau impliquées dans le trouble ».

D’autres troubles souvent associés

Les problèmes de santé mentale sont plus fréquents chez les personnes vivant avec un TDAH que dans l’ensemble de la population. Ainsi, la Déclaration de consensus international de la Fédération mondiale pour le TDAH, publiée en 2021, précise (point N°18) : « De nombreuses études épidémiologiques et cliniques à grande échelle montrent que le TDAH coexiste souvent avec d’autres troubles » psychiques, comportementaux ou du neurodéveloppement. 

Voici les principaux, cités dans la Déclaration de consensus : 

  • les troubles addictifs,
  • les troubles dépressifs, 
  • les troubles bipolaires,
  • les troubles anxieux,
  • les troubles des conduites alimentaires,
  • le trouble oppositionnel avec provocation,
  • le trouble des conduites dissocial,
  • les troubles du spectre de l’autisme. 

Les troubles du sommeil sont également plus fréquents avec le TDAH. 

En étudiant les vies de personnes TDAH, les scientifiques ont constaté que leurs parcours comportaient plus fréquemment des situations difficiles, comparé à la population dans son ensemble. On observe notamment davantage d’instabilité au niveau professionnel, d’accidents domestiques ou de la circulation, d’addictions précoces et de tentatives de suicide. Mais une personne vivant avec un TDAH n’aura pas tout, ni même la plupart, de ces problèmes, rappellent les chercheurs dans la Déclaration de consensus.

Nombre d’adultes développent des capacités d’adaptation et de compensation de leurs difficultés. Les symptômes sont alors moins marqués. Ceux-ci peuvent « s’exprimer par une nervosité mentale et physique, des troubles du sommeil, une instabilité émotionnelle ou être compensés par l’utilisation de drogues ou d’alcool », relève la Haute autorité de santé (HAS) dans sa note de cadrage sur le TDAH chez les adultes publiée en 2021. 

Le manque de confiance en soi

Pourquoi les personnes avec un TDAH rencontrent-elles davantage de problèmes de santé mentale ? Cela pourrait être en partie lié aux gènes et à l’architecture du cerveau, entraînant une prédisposition à certains troubles associés. Les chercheurs ayant publié la méta-analyse de 2019 sur l’autisme suggèrent que le rôle des gènes dans ces difficultés pourrait être majeur chez les personnes vivant à la fois avec l’autisme et le TDAH. 

Par ailleurs, les préjugés concernant le TDAH sont très fréquents et les personnes concernées, souvent stigmatisées. Cette situation a un impact négatif sur leur santé mentale, notent les neuropsychologues de l’association de vulgarisation scientifique Raptor Neuropsy dans leur brochure Repérer et accompagner le TDAH à l’âge adultepubliée en 2022. Dans l’enfance, on a souvent décrit ces personnes comme paresseuses, dans la lune, immatures ou encore mal élevées, turbulentes, impossible à canaliser, imprudentes. Ces mots peuvent diminuer durablement la confiance et l’estime de soi. 

Ce qu’on peut faire pour sa santé mentale avec un TDAH

Etre accompagné pour son TDAH

Quand on est accompagné pour son TDAH à l’âge adulte, cela peut avoir un effet positif sur sa santé mentale. Certaines interventions visent à diminuer les symptômes du TDAH – on peut par exemple suivre une thérapie cognitive et comportementale pour mieux gérer sa colère. D’autres interventions visent à agir sur les conséquences de ces symptômes – on peut par exemple participer à un groupe de paroles réunissant des personnes concernées, pour se sentir moins isolé. 

En effet, le TDAH entraîne des difficultés pour lesquelles sont proposés différents types d’interventions, selon les structures et les professionnels. Cependant, il existe très peu de dispositifs publics destinés aux adultes (voir plus bas la rubrique “Des ressources dédiées”). Globalement, cette compétence reste rare en France. « Actuellement, peu de médecins sont formés pour la prise en charge de patients adultes », souligne la HAS dans sa note de 2021. 

Quelles interventions une personne adulte avec TDAH devrait-elle rechercher en priorité ? Pour le moment, la Haute autorité de santé (HAS) n’a pas publié de recommandations à ce sujet. Le colloque organisé au ministère de la Santé le 12 juin 2024, à l’initiative de l’association TDAH-France, a abordé le thème “Quelles recommandations pour le TDAH des adultes”. Les intervenants ont indiqué que des études scientifiques permettent de mesurer l’efficacité de certaines interventions, mais pas de toutes. 

La HAS précise toutefois dans sa note de 2021 : “Le diagnostic de TDAH chez l’adulte a un effet thérapeutique en soi par le soulagement qu’il procure à l’intéressé et à son entourage, effet parfois suffisant, de sorte que ce diagnostic nedoit pas conduire systématiquement à un traitement pharmacologique”, c’est à dire la prescription d’un médicament. 

Les programmes de psychoéducation proposés en France sont des adaptations de ceux publiés en anglais par des chercheurs, américains ou britanniques. Chaque équipe, à l’hôpital ou en cabinet libéral, réalise sa propre adaptation. A ce jour, il n’existe pas de programme validé par la communauté scientifique traduit en français. Selon les structures, le programme est conçu pour être suivi seul avec un thérapeute ou en groupe, avec d’autres personnes concernées.

LES THÉRAPIES

Les thérapies comportementales et cognitives (TCC) agissent sur les pensées, les émotions et les comportements de la personne. Des programmes et outils de TCC ont été adaptés pour le TDAH. Ces thérapies ont montré une efficacité sur les symptômes de ce trouble. 

article source : https://www.psycom.org/sinformer/la-sante-mentale/avec-un-trouble-du-neurodeveloppement/la-sante-mentale-avec-un-tdah/

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